Ancienne monnaie en fer, Kwele, Gabon / Congo

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Description

Ancienne monnaie en fer (Mandjong), Kwele, Gabon / Congo

Matériau – Fer noir
Etat : belle patine oxydée, petit manque, sans socle
Dimensions : 49 cm x 42 cm
Ancienneté supposée : fin XIXe siècle – début XXe siècle

MONNAIES AFRICAINES EN METAL (FER, CUIVRE, BRONZE)

Des textes anciens mentionnent l’utilisation de monnaies en fer en Afrique orientale dès le Ier millénaire après J.-C. en Ethiopie. Les monnaies en cuivre ont circulé en Afrique de l’Ouest au IIème millénaire après J.-C. Dans le monde akan (Ghana), des monnaies en fer ont eu cours avant la poudre d’or, ce que précise O. Dapper en 1686. Il s’agit alors de petites tiges de fer qui intervenaient surtout pour les transactions peu importantes. Elles avaient moins de valeur que le cuivre.
Avec l’arrivée des Portugais, au XVIe siècle, le fer européen a fait son entrée en Afrique occidentale sous forme de barres, et a pris tant d’importance qu’au XVIIe siècle, sur la côte sénégambienne, la barre de fer ou barriferri était devenue l’unité par rapport à laquelle les marchandises étaient évaluées. L’explorateur anglais Mungo Park remarquait en 1796 à propos des habitants de la Gambie : « C’était surtout le fer qui attirait leur attention. Son utilité pour fabriquer des armes et des outils destinés aux cultures le rend supérieur à tous les autres métaux ». Un esclave valait alors 150 barres.
Au XIXe siècle, d’autres tiges de fer ont circulé en Afrique occidentale sous des formes diverses, guinze ou sompe. Elles sont « constituées d’un corps allongé dont la partie inférieure est aplatie par martelage, et d’une partie supérieure consistant en une bande de fer ajoutée à chaud et martelée ».
Au Tchad, certaines monnaies dessinaient un croissant, tandis que chez les Kota (Gabon, Congo) il s’agissait simplement de masses de fer plus ou moins lourdes.
En Afrique Centrale, les formes étaient différentes, c’étaient des houes, des cloches simples ou doubles, des fers de flèches et même des épingles à cheveux. J. Rivallain, à qui nous devons la plus grande partie des précisions données ci-dessus, note encore : « La chevelure permettait de servir de lieu de rangement, de porte-monnaie, à des gens circulant très peu vêtus. Les épingles, fichées dans les cheveux, avaient peu de chance de s’égarer ». Chez les Zande, seules les femmes s’en servaient comme monnaies. Pour les transactions les plus importantes, mariage ou achat d’un terrain, les armes sont intervenues pour les paiements. Certaines ont vu leur forme ou leur taille modifiées. Des armes de combat, on est passé aux armes de prestige puis aux armes-monnaies. Libérées des nécessités fonctionnelles (maniabilité, résistance) celles-ci peuvent souvent faire figure d’œuvres d’art aux yeux des Occidentaux.
Le point de départ est souvent la pointe de flèche. Ainsi, chez les Ngbaka de l’Oubangui, agrandie et complétée par de petites « ailettes » supplémentaires, elle avait valeur de monnaie intervenant dans les compensations matrimoniales.
La pointe de lance ou de javelot, chez les Topoke du Zaïre, a donné naissance à une autre monnaie remarquable par sa taille qui égale celle d’un homme.
Chez les Kwele du Gabon, une monnaie à l’élégante silhouette est dérivée, non comme on pourrait le croire de la pointe de flèche mais plutôt, selon S. Vogel, du fer de houe devenu une remarquable œuvre d’art.
Le couteau de jet traditionnel à plusieurs lames a lui aussi donné naissance, pour les échanges, à des formes totalement impropres au combat. C’est le cas de l’oshele des Dengese (Zaïre). Insigne d’autorité, il reste, même de nos jours, associé dans la mentalité populaire à des pouvoirs mystérieux et occultes. Jan Elsen précise qu’il peut servir après un meurtre à payer le prix du sang. Il aurait eu aussi valeur de talisman, capable de couper la route à l’ennemi s’il était placé à la limite du village.
Chez les Mbugbu de République centrafricaine, enfin, les couteaux de jet avaient souvent des extrémités arrondies. Nous les retrouvons, élargies, dans la version évoluée qui a servi de monnaie.

Extrait de : Meyer, Laure. Les Arts des métaux en Afrique noire. Editions Sépia, Saint-Maur, 1994